L’HOMME ET LA NATURE, UNE ASSOCIATION COMPLEXE, IRRÉDUCTIBLE ET NÉCESSAIRE
Tous les quinze jours, La Galerie Émergente vous propose de repérer un détail d’une œuvre et d’observer son rapport à l’ensemble, ce qu’il apporte à la composition, ce qui le rend absolument nécessaire, même s’il ne vous a pas sauté aux yeux lors du premier regard !
Les détails, ce n’est pas ce qui manque dans les compositions très travaillées de la photographe danybliss ! Ses digital paintings se constituent en effet d’associations d’images poétiquement superposées, dont l’effet visuel époustouflant révèle également des strates de sens poussant au questionnement. Un exercice passionnant auquel on se livre en observant de plus près deux détails de l’œuvre Flottant, issue de la série des Trans/Humains.

Une image de la sérénité ?
Concentrons-nous tout d’abord sur le beau visage du personnage de cette digital painting (peinture digitale) : un sourire serein, les yeux mi-clos tournés vers le ciel, baignant dans une intense lumière qui le révèle autant qu’il le cache…
On pourrait se croire face à l’image même du bonheur, un bonheur calme et rassurant…
Mais pour cela, il faudrait faire abstraction du reste de l’œuvre… Car si l’on se penche sur un autre détail, impossible de ne conserver que ce sentiment de joie douce.

Superposé à l’image de cette femme, incarnation de la jeunesse et de l’insouciance, dont nous observons en tout premier lieu le beau visage, que nous montre en effet l’artiste ?
Un arbuste, dénudé par l’hiver ou carrément mort, dont les branchages à nu semblent déchirer le centre de la composition, telles des ronces recouvrant le buste de la jeune femme, pile à l’emplacement du cœur !
Et soudain, l’impression de sérénité se teinte de quelque chose de plus sombre, et de plus complexe.
L’homme et la nature, une relation nécessaire mais conflictuelle
Si on observe l’ensemble de l’œuvre, on retrouve partout cette association quasi antinomique entre la joie et le deuil, la jeunesse et la décrépitude, mais aussi la lumière et l’obscurité, les couleurs chaudes des chairs et la froideur du bleu…

Finalement, c’est un peu l’Homme et la Nature qu’oppose ici l’artiste : une nature sauvage et désordonnée, qui recouvre le personnage principal, le floute, par endroit le cache totalement.
Voir ce détail des ronces, c’est aussitôt s’interroger sur le contraste entre cette jeune fille, insouciante et joyeuse, et une nature qui semble l’encercler et la meurtrir, zébrant son corps de toute part.
Et en venir à se dire que paradoxalement, c’est précisément ce contraste qui donne toute sa force au sourire et à la pose de la figure humaine. Sans lui, on ne s’attarderait pas autant sur cette posture, qui perd toute banalité de part la présence des éléments agressifs qui l’entourent !
L’entrelac des éléments humains et naturels, indissociables dans l’image, nous rappellent aussi que l’Homme fait partie de la Nature : comme dans l’œuvre, la Nature englobe l’Homme, une donnée que nous tendons à oublier, nous sentant parfois en conflit avec des paysages inhospitaliers ou des saisons hostiles.
Alors même que les questions écologiques, l’augmentation alarmante des catastrophes naturelles et les ravages qu’elles induisent dans la population humaine envahissent l’actualité, le travail de danybliss à travers la série des Trans/Humains recouvre des questionnements et des prises de conscience essentielles.
Sans apporter de réponses péremptoires, ces superpositions d’images photographiques nous poussent à nous interroger sur notre place dans un monde en pleine mutation, où dépasser notre insouciance passée peut s’avérer la clef d’un équilibre futur.
À travers l’art, on se dit finalement que c’est un message d’espoir que nous confie danybliss : imbriqués, indissociables, le naturel et l’humain cohabitent et de cette union peut naître beaucoup de beauté.
Car c’est au final ce qu’apporte l’entière série des Trans/Humains : un surplus de beauté au monde.
Envie d’en savoir plus sur danybliss
et ses digital paintings ?
Laisser un commentaire