Les « récits d’artistes » laissent la parole aux créateurs pour nous permettre de découvrir l’histoire derrière l’œuvre ou les série d’œuvres qu’ils réalisent, pour notre plus grand plaisir !
Leurs mots nous entrainent au-delà de ce que nous voyons, pour nous rappeler toute la richesse d’une œuvre d’art : plaisir immédiat de la perception visuelle, bonheur de contempler et découvrir les détails, questionnements qui naissent de la rencontre avec l’objet, envie de remonter aux origines du processus créatif, relecture d’une image qui nous a plu, et qui s’est enrichie d’un dialogue entre deux personnes, l’artiste et le regardeur…

Diane Painson déploie un univers résolument onirique qui nous parle pourtant bien souvent du réel… Ainsi, une veine engagée se révèle dans ses compositions qui flirtent avec un ésotérisme esthétique et puissant.
Nous aimons particulièrement ses portraits sculptés et ornés, dont les visages tranchants arborent, tels des peintures de guerre, des motifs enchanteurs. Sous les paupières lourdes, les décors alambiqués ou bruts, on ressent à la fois la main et le geste de l’artiste, et une personnalité fantastique qui affleure…
C’est à la rencontre de ces personnages de légende que nous convie ici Diane Painson, à travers trois récits épiques qui déposent une couche de sens et de rêve supplémentaire sur ces visages déjà fascinants à observer.
Bonne lecture !

Cette sculpture est la métaphore de l’impact de l’humain sur l’animal. En traitant les animaux comme des êtres inférieurs, l’humain devient au-delà du tortionnaire, l’instrument de sa propre déchéance écologique et humaniste. Notre « pouvoir » devrait nous pousser à plus de responsabilités et de devoir de protection, non l’inverse.
Izlaria est un mélange de deux races l’humain et le lapin, rassemblés dans la souffrance. Cette œuvre est aussi ornée de l’empreinte d’une nature qui ferme le trio des « essentiels ». Le monde animal, le monde de la flore et le monde des humains, réunis et liés les uns aux autres face à leurs sorts.
L’œil symbolise cette triade au bord du gouffre, que seul leur union préservera.
Le combat d’Izlaria est l’image de l’être vivant évoluant dans un monde barbare où la dignité est sciemment indexée. Il est aussi question d’une forme de morale, qui devrait nous questionner face à la torture infligée à un être vivant, sous n’importe quelle forme. Il est indéniable que la morale est discutable et changeante selon le pays et la culture, mais les yeux ouverts face à la torture et à la mort que nous répond-elle ?
Après l’extinction massive de plusieurs espèces animales et végétales, après la visibilité des conditions et traitements des animaux, entre autres en abattoirs, la suprématie humaine restera-t-elle aveugle, face aux résultats de ses propres choix, et aux conséquences sur le règne animal, et sur les séquelles écologiques ?
"On reconnaît le degré de civilisation d’un peuple à la manière dont il traite ses animaux"
Gandhi


Anaruz est la métaphore de l’espoir, un espoir fragile et bienveillant, de ceux qui rejettent la résignation.
La sculpture garde les yeux fermés, espérer c’est ne pas savoir, c’est parier, c’est faire une promesse à l’avenir qu’on ne pourra peut-être pas tenir.
Anaruz c’est la représentation des craintes abattues, c’est celui qui nous fait croire à l’incertain, aux rêves invraisemblables.
Son œil sur le front c’est le doute, l’espérance est faite aussi de cette substance. Après tout, Les désirs profonds sont bien souvent nos alliés, mais ils peuvent aussi être nos ennemis, ils peuvent nous bercer d’illusions, grignoter notre réalisme et notre pragmatisme.
Est-ce que l’espoir est juste ? Ne nous rend-t-il pas finalement aveugle ? L’espoir en chacun, n’est peut-être qu’un écho de notre enfance. La période de tous les possibles, celle où l’on croyait, ou le renoncement était un mythe.
Anaruz c’est la voie dans notre tête qui a décidé d’avoir une foi inébranlable en nous. Certains décident de l’écouter de temps en temps, d’autres jamais. Et il y a ceux qui nourrissent toute leur existence cette petite voix incertaine mais tenace. La petite voix fragile de l’enfant audacieux.


Dans les eaux froides d’Irlande est né Aedan, une force tranquille cherchant la sérénité des eaux profondes. Humanoïde né des légendes d’un monde endormi où seul le silence gronde.
On dit qu’il est né d’un mariage étrange entre une merrow * et une plante aquatique, ayant pour bienfait de guérir toutes les blessures. On connaît sa couleur argentée, bien que personne ne l’ait jamais vue, elle est un mythe oublié, nourrissant l’histoire d’Aedan.
La légende raconte qu’il naquit dans l’océan atlantique mais qu’il migra vers la mer d’Irlande pour y trouver sa mère. Elle seule pouvait briser sa malédiction, dont elle était l’auteure.
Abandonné dès sa naissance Aedan fut élevé par la flore, pour être celui qui pourrait comprendre et aider les peuples des Eaux et de la Terre. Il avait la faculté de respirer dans les deux mondes, celui des flots et celui du feu et du vent. Mais au terme de sa dixième année, un murmure vint glacer son avenir. Il était raconté que sa mère l’avait maudit, rejetant ce qu’il était. Elle prédit que son corps ne pourrait plus supporter l’air et le vent, quand son cœur aimerait un Être fait de chair et de sang.
Alors lorsqu’il rencontra Nouli sur la plage de Keem*, il sut qu’il ne pourrait l’approcher trop longtemps, au risque de ne plus pouvoir entendre sa voix. Il décida donc de retrouver la détentrice de son sort. Après des mois de recherche, il comprit qu’il ne la retrouverait pas.
Il décida malgré tout de retourner où vivait désormais Nouli. Il ne fallut qu’une journée à Aedan pour comprendre qu’il avait eu raison deux fois. Son cœur était tombé dans les bras de Nouli et plus jamais ils ne se reverraient. Mais il comprit aussi que cette journée serait la plus précieuse de son existence et qu’il ne regretterait jamais ce choix.
Son cœur ne put guérir malgré le poids des années. Et comme l’avait prévu la flore, il fut le gardien des eaux profondes, qui étaient désormais son seul monde.
On raconte qu’aujourd’hui encore tous les ans, à la même date, on entend jusqu’à la rive de Keem des murmures dans les vagues chantant… « Nouli ».
*sirène gaélique annonciatrice de malheurs
*Plage d’Irlande sur l’île d’Achill

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