
Initialement comédienne, Linda Clerget étend son champ artistique des arts vivants et de l’écriture aux arts plastiques à travers la pratique de la photographie, du collage, du dessin et de la peinture.
Ses œuvres, qui naviguent entre figuration et abstraction, sont empreintes d’une vitalité et d’une beauté brutes ; vitalité de la touche, de la couleur, poudroiement de la matière… Elle construit un univers visuel poétique et intuitif, qui parle à nos sensations et nos émotions avant notre intellect.
Qu’est-ce qui préside à la création ? D’où viennent l’envie, l’inspiration, le geste ? Linda se prête au jeu du portrait d’artiste et répond pour nous à ces questions.
AUX ORIGINES DE LA CRÉATION….
Comment en êtes-vous venue à peindre, dessiner, photographier… Quel a été le déclic ?
Après un parcours dans le monde de l’entreprise et diplômée d’une école de commerce, j’ai eu un mal de vivre assez profond qui est venu m’alerter et qui m’a donné le courage de tout recommencer pour me diriger vers une activité créative.
J’ai commencé un virage artistique vers le théâtre par une formation de comédienne, ce qui m’a mené à l’écriture dramatique puis à de courts textes en prose. J’ai par hasard dessiné quelques illustrations pour ces textes, tout en m’inscrivant en parallèle dans un cours de modèle vivant et c’est ainsi que tout a commencé, il y a cinq ans.
À présent, je respire enfin car je pense que créer est pour moi une expiration nécessaire à tout ce que j’inspire dans le monde et autour de moi. Le dessin et la peinture me permettent d’expérimenter autant que je le veux et seule, ce qui est très important pour moi.
Quelles sont vos sources d’inspiration, les artistes que vous admirez ?
J’ai deux passions conjointes pour l’art brut et l’art japonais car tous deux me semblent empreints de poésie, de sensibilité et de fantaisie. Tous deux correspondent à mes deux facettes, l’une un peu sauvage et punk et l’autre d’une profonde mélancolie poétique, c’est mon yin et mon yang.
Je citerai comme faisant partie de mes classiques Kuniyoshi ou encore Victor Hugo pour son travail sur les tâches, j’apprécie aussi énormément le travail de Toko Shinoda.
Je cherche toujours ce lien possible entre écriture et dessin… L’encre de Chine étant un medium qui sert aussi pour écrire et calligraphier, cela le rend particulier à mes yeux. Apollinaire est une de mes références pour ses recherches entre écriture et dessin au travers de ses Calligrammes.
J’ai une passion pour toute la période surréaliste, le dépassement de la raison comme unique source d’inspiration et les liens qui ont été faits entre les cultures et entre les arts … C’est ce qui fonde et démarque l’art contemporain des autres courants : il est mixité, influences diverses et multiplicité… Ce qui me parle puisque je suis née et j’ai grandi à Paris tout en étant issue d’un père algérien et d’une mère allemande.
Autre artiste inspirant pour moi : Emil Nolde, notamment au travers de ses ‘Unpainted Pictures’, aquarelles peintes entre 1938 et 1945, alors qu’il était exilé du nazisme. Ces créations, qu’il ne nomme donc pas peintures, sont réalisées sur papier Japon et sont pour moi un parfait exemple de la sensibilité manifeste qui se dégage lorsqu’on sort du modèle établi pour chercher une expression personnelle. Je suis donc aussi friande du courant expressionniste.

Comment travaillez-vous ? Quelles sont vos petites habitudes de création, votre rituel ?
Je suis très inspirée par la musique. C’est d’ailleurs le premier art que j’ai pratiqué. J’ai commencé par le violon, à l’âge de 7 ans. Et j’aime à le retrouver parfois lors de mes écoutes. J’ai beaucoup suivi le travail de Didier Lockwood, un compositeur et violoniste de génie, hélas décédé cette année.
J’aime aussi les recherches de Max Richter et j’ai découvert beaucoup de groupes issus des courants psychédéliques, du post-rock ou du punk grâce à mon mari, qui m’a fait découvrir tout un univers de groupes comme SubRosa, Converge, Isis, Godflesh, My Sleeping Karma ou UfoMammut que je me suis surprise à réécouter seule et qui sont devenus une source d’inspiration. Cela peut parfois rythmer une séance de travail.
J’ai aussi pour habitude de pratiquer la récolte. Je conserve beaucoup de choses et ces petites choses se retrouvent par la suite dans mes créations. Ainsi, j’ai l’impression de participer à un processus vivant au-delà de la pièce que je crée. Je me sens partie prenante d’un vaste cycle de création, je prends et je donne, j’utilise différemment, je recycle.
Une pratique plus intensive du collage m’amène également à m’intéresser au vieillissement et au marquage de certains matériaux. Je passe des soirées à préparer des matériaux qui seront ensuite découpés, collés, jetés sur le papier. Je cherche à élargir ma palette d’outils et à voir ces outils comme des couleurs.
Pourquoi se limiter à un tube de peinture quand le monde est si vaste et empli de toutes sortes de matériaux qui peuvent devenir une touche, un objet, un pan entier dans une composition ?
LE PORTRAIT CHINOIS
Linda se prête au jeu du portrait chinois culturel… et nous permet d’en savoir un peu plus sur ce qui l’inspire, la caractérise, ou lui fait envie !
Si Linda était…
Une œuvre d'art
Compotier et verre
de George Braque car il est considéré comme le premier collage.
Un livre
Marie Stuart, de Friedrich von Schiller dont j’ai eu la chance de jouer un extrait pendant mes études de théâtre et qui m’a fasciné.
Un film
La Belladone de la tristesse ou Belladonna, un film psychédélique des années 70 que j’ai été voir avec mon mari lors d’un de nos premiers rendez-vous.
Un morceau de musique
Holdin On des Turkish Blend, le groupe de jeunesse de mon paternel, que j’ai pu chanter au cirque d’hiver grâce à une soirée organisée par un ami à lui.
Un musée
Le musée du Quai Branly
à Paris car j’adore les arts premiers et j’y ai notamment découvert de merveilleux costumes et objets chamans qui m’ont fasciné et mieux fait découvrir le chamanisme.
Une couleur
Le violet,
cela a toujours été ma couleur préférée et
mon frère me disait toujours que j’étais violette quand j’étais petite
car nous avions une sorte de synesthésie avec les lettres et les couleurs
et qu’il voyait mon prénom en violet.
Une ville
Fontainebleau,
où j’ai vécu après avoir passé une partie de mes weekends dans la région étant enfant.
La ville a été un gros coup de cœur, notamment pour sa proximité avec la forêt. La forêt reste le lieu où je me sens le mieux, comme si j’étais faite pour y vivre !
C’est mon rêve le plus cher…
Un plat ou un ingrédient
La forêt noire,
qui me rappelle les vacances en Allemagne avec ma mère.
C’est aussi son gâteau préféré et je lui en ai fait un pour un de ses anniversaires.
Un très bon souvenir !
Vous aimeriez en savoir plus sur Linda Clerget ou sur ses œuvres ?
Posez-nous vos questions, et nous les lui transmettrons !
Retrouvez aussi Linda sur Instagram : https://www.instagram.com/linda.clerget/ | @linda.clerget
Et bien sûr, sur la Galerie Émergente :
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