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La galerie émergente

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Analyse d’œuvre : Bethsabée au bain de Sebastiano Ricci

1724, Huile sur toile, 119x199cm, Musée des Beaux-Arts de Budapest

Le sujet : une histoire de désir et d’adultère

Bethsabée au bain est un épisode de l’Ancien Testament souvent traité en peinture.

Le roi David aperçoit un jour la belle Bethsabée prendre son bain depuis la terrasse de son palais et en tombe aussitôt amoureux. Il lui fait donc parvenir un message lui ordonnant de le rejoindre, et en fait son amante.

Problème mineur : elle est l’épouse d’Urie le Hétien, un officier de son armée en campagne ! Aussi, lorsque Bethsabée s’aperçoit qu’elle est enceinte et en avertit David, celui-ci rappelle son mari de campagne au prétexte qu’il lui ramène des nouvelles de la guerre. Il pense qu’Urie passera la nuit avec sa femme, éloignant les soupçons de sa royale personne. Malheureusement pour lui, son officier refuse le confort de sa maison et de sa couche par solidarité envers ses compagnons d’armes restés au front. David tente alors un stratagème plus radical : il renvoie Urie à la guerre, mais le positionne cette fois en première ligne, espérant qu’il soit tué sur le champ de bataille, ce qui arrive en effet. Le roi est désormais libre d’épouser la veuve Bethsabée.

Dieu, mécontent de David, lui fait alors parvenir par le prophète Nathan l’annonce de nombreux malheurs à venir. Le premier est la mort du bébé de Bethsabée, suivi par celle de plusieurs descendants de David. Le couple sera finalement pardonné, et aura un fils, Salomon, qui prendra la place de David à sa mort.

L’artiste : un peintre sulfureux et talentueux du mouvement baroque

Sebastiano Ricci (1659-1734) est un peintre italien de l’école de Venise, rattaché au mouvement baroque.

Dans sa jeunesse, il aurait tenté d’empoisonner une jeune fille qu’il avait mise enceinte et qu’il ne voulait pas épouser (une autre façon de régler le problème !), et aurait été jeté en prison pour ce crime. Son art le sauve, car un riche admirateur use de son pouvoir pour le faire gracier. Des années plus tard, finalement marié à la jeune femme dont il a eu une fille, il l’abandonne pour fuir dans une autre ville avec la fille d’un peintre. Arrêté et condamné cette fois à la mort, il sera à nouveau sauvé par d’influents admirateurs de son talent.

L’œuvre : le prétexte biblique pour faire étalage de ses talents et offrir au spectateur une bonne dose d’érotisme

Bethsabée au bain est un sujet souvent traité à la Renaissance, l’épisode biblique servant de prétexte à la représentation d’une scène érotique : un homme observant une jeune femme nue.

Chaque version comporte des éléments qui diffèrent, mais souvent, le sujet reste rapidement identifiable. Ici, Sebastiano Ricci traite la scène de façon très classique en en reprenant les principaux lieux communs : au premier plan, Bethsabée, nue et entourée de servantes, est assise au bord d’un bassin. En arrière-plan, David observe la jeune fille du haut de sa terrasse. Le décor architectural et le paysage situe la scène dans de magnifiques palais à colonnades entourés de jardins luxuriants.

Ce n’est donc pas dans son choix des éléments, mais dans le traitement de la composition, du dessin et de la couleur que la virtuosité de l’artiste va se révéler.

Au centre de la composition, Bethsabée forme une légère diagonale de son corps nu et lumineux, autours de laquelle s’organise tous les éléments de la composition. C’est elle qui attire le regard immédiatement : le peintre nous fait entrer aussitôt dans le vif du sujet, et nous devons « détourner les yeux » de cette jeune femme nue pour observer le reste de la scène…

Chaque servante est occupée à une action spécifique liée à la toilette de Bethsabée : l’une la coiffe, l’autre lui tend un miroir, une lui lave le corps à l’aide d’un tissu mouillé, la dernière tient sur un plateau les boîtes et flacons de sels et parfums. Toutes sont, par contraste avec leur maîtresse, richement vêtues.

Si Bethsabée est l’occasion pour le peintre de montrer sa virtuosité dans la réalisation d’un nu anatomique, les servantes lui permettent de jouer sur les différentes postures (3/4 dos, profil, tête baissée, à genoux…) ainsi que de montrer sa maîtrise dans le rendu des drapés et des textures (tissus chatoyants, lourds, ou légers, brillance des perles, coiffures élaborées…). Le peintre poursuit d’ailleurs le catalogue de ses talents : sa capacité à représenter la transparence est suggérée par le pied de Bethsabée plongeant délicatement dans l’eau du bassin et par les effets de cascade de l’eau de la fontaine, qui cadre la partie droite du tableau. L’architecture des palais et la végétation du paysage complètent l’éventail de son adresse. Le peintre se fend même d’une remarquable nature-morte : un vase très orné et bicolore, posé aux pieds de Bethsabée.

L’arrière-plan donne à la composition sa profondeur ; celle-ci est suggérée par l’échelle de la terrasse et la taille du roi David, ainsi que par un léger flou des éléments du fond, en particulier des arbres (une technique héritée de Léonard de Vinci, qu’on nomme le « sfumato »).

détail montrant la technique du sfumato

Enfin, Sebastiano Ricci montre son adresse à dresser une palette riche et nuancée. L’œil passe du bleu au rouge par un dégradé de jaune orangé sur lequel tranche la pâleur lumineuse du corps de Bethsabée et la blancheur immaculée de la terrasse du palais du roi.

La composition est habillement mise au service du sujet. Par sa posture, le visage de Bethsabée est dirigé en direction de David, sa jambe tendue comme si elle pouvait faire un pas dans sa direction. Pourtant, le véritable voyeur de la scène, est-ce bien ce David, si lointain qu’on ne peut distinguer ses traits ? Ne serait-ce pas plutôt le spectateur, c’est-à-dire nous-même, auquel le peintre attribut une place frontale vis-à-vis de Bethsabée ? L’ouverture du bassin, qui déborde du cadre en bas du tableau, nous situe bien proche du groupe de jeunes femmes, et c’est pour nous que le peintre choisit, par le truchement d’une servante, d’écarter les jambes de Bethsabée.

Ironiquement, la servante portant le miroir détourne pudiquement le regard (d’ailleurs, aucune des autres femmes ne regardent Bethsabée). Ce faisant, elle cache probablement la vue au roi David, tandis que le spectateur, seul à pouvoir poser le regard du la jeune femme au bain, ne perd pas une miette du spectacle…

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Catégorie(s) : Histoire de l'art

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