Les « récits d’artistes » laissent la parole aux créateurs pour nous permettre de découvrir l’histoire derrière l’œuvre ou les série d’œuvres qu’ils réalisent, pour notre plus grand plaisir !
Leurs mots nous entrainent au-delà de ce que nous voyons, pour nous rappeler toute la richesse d’une œuvre d’art : plaisir immédiat de la perception visuelle, bonheur de contempler et découvrir les détails, questionnements qui naissent de la rencontre avec l’objet, envie de remonter aux origines du processus créatif, relecture d’une image qui nous a plu, et qui s’est enrichie d’un dialogue entre deux personnes, l’artiste et le regardeur…

Caroline Lazaroo est passionnée de photographie, une pratique qu’elle enrichit de sa profession de camerawoman, créant des passerelles entre deux arts…
Elle réalise ainsi d’étonnantes séries qui se construisent comme un scénario, et qui ne laissent de côté ni le choix du lieu – des endroits abandonnés et cachés, participant de la pratique de l’Urbex – ni celui des costumes et de la mise en scène.
Sur La Galerie Émergente, Caroline nous livre sa série photographique "Amoureux d’une étoile", et le "conte macabre" qui l’accompagne, à dévorer comme une gourmandise en ce 31 octobre !


Il était une fois le fantôme d’une noble jeune femme qui vivait parmi les ruines du domaine des Trois Colonnes. Son âme était restée attachée à sa terre et aux murs du vieux manoir, et rien ni personne ne pourrait la séparer de ce lieu idyllique qui avait abrité l’insouciance de sa vie. Vie futile, faite de jeux et de rires en compagnie de sa cours composée de jeunes filles de bonne famille à son image. Hors du monde et de ses malheurs. Oubliée de tous désormais…


Durant sa courte vie, Madame n’avait jamais connu le véritable amour, celui qui fait trembler le corps et qui aliène l’esprit, seuls son domaine et ses fêtes comptaient, rien n’avait d’importance. Elle ne pouvait aimer d’autres gens qu’elle-même.
Puis sans s’en rendre véritablement compte elle se retrouva seule, transparente… Plus personne ne venait la voir… Son beau domaine périclitait, on n’entendait plus les rires et les musiques des fêtes somptueuses que Madame donnait. Seul le bruit du vent et de la pluie résonnait dans le silence. Elle ne comprit pas tout de suite que la vie l’avait quittée…

"Elle apprit également à s’aimer dans la solitude et le silence."
Après le choc, elle apprit à vivre avec sa seule compagnie, parmi les ruines de son domaine qui tombait en décrépitude.
Au fur et à mesure des années, elle commençait à apprécier ces vieilles pierres, ces murs fendus et ces plafonds éventrés qui repoussaient les curieux.
Elle apprit également à s’aimer dans la solitude et le silence. Dansant au son du vent qui se faufilait entre les murs percés, elle aimait sa nouvelle vie, moins futile, au rythme des saisons, au rythme de sa terre.
Son amour pour ce lieu grandissait de jour en jour.


Mais le charme fut rompu un beau matin par la venue d’un jeune homme, dans un état similaire au sien. Béret sur la tête et bretelles sur les épaules, portant fièrement sa modeste condition, il entra dans le domaine.
Effrayée après des années de solitude, la jeune femme l’ignora alors que celui-ci s’incrustait chez elle. Mademoiselle l’aurait bien repoussé hors de ses terres, mais on ne repousse pas un fantôme, il faut qu’il parte de lui-même.


Dès le premier regard le jeune homme était tombé amoureux fou de la jeune femme et décida, malgré sa réticence, de la séduire. Il avait l’éternité pour cela et refusa de s’en aller.
Chaque jour il lui offrait des fleurs et chaque jour elle les refusait sans même regarder l’importun. Et pourtant Madame aimait les fleurs presque autant que le vent dans ses murs…

Le jeune homme ne perdait pas espoir et accompagnait la jeune femme dans chacun de ses mouvements. Celle-ci commençait à prendre un malin plaisir à faire comme s’il n’existait pas, s’amusant de son désarroi.

De dépit, un beau jour, il jeta les fleurs à terre et décida de s’en aller le lendemain…
Mademoiselle les ramassa quelques instants plus tard… Quelque chose se passait, quelque chose qu’elle ne connaissait pas… Un sentiment extrêmement fort et très léger à la fois, un sentiment imperceptible qui élevait son âme vers la lumière. Elle venait de rencontrer l’amour, l’amour éternel. Le jeune homme avait réussi à séduire sa dame de cœur.
Ils vécurent heureux pour l’éternité au milieu des vents du domaine des trois colonnes.

Vous souhaitez en apprendre plus sur Caroline Lazaroo ?
Laisser un commentaire